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La justice climatique autochtone au Canada

Par Dean Evangeliou

· Général

« Nous nous nourrissons de la terre, donc s'il y a des problèmes tels que le déclin des populations de caribous, d'orignaux et autres, nous sommes certainement les premiers à le savoir et à être également touchés par les questions de changements climatique » déclare Jarret Quock, un homme de la Première nation Tahltan, en décrivant les impacts spécifiques des changements climatiques sur ses moyens de subsistance. Son histoire est commune aux Premières nations, aux Métis et aux Inuits de l’Île de la Tortue*. La vie, la culture et les traditions des autochtones sont intrinsèquement liées à la terre, de sorte qu'ils.elles sont touché.e.s de manière disproportionnée par les effets permanents de la crise climatique par rapport aux non-autochtones. Les communautés des Premières nations du nord utilisent souvent les routes d'hiver pour transporter des biens et des services, et avec le réchauffement des saisons hivernales, ces voies de service essentielles disparaissent. Les communautés autochtones ont déjà un accès inégal à l'eau, et la crise climatique ne fera qu'exacerber ces inégalités. L'eau est vitale pour toute vie sur terre, mais les populations autochtones dépendent également de l'eau pour nombre de leurs activités de subsistance et économiques, comme la pêche et l'agriculture.

Ces conséquences sont encore aggravées par les idéologies, les lois et les politiques coloniales historiques qui ont façonné la vie des populations autochtones du Canada. Dès le premier contact, l'impérialisme britannique a fait des ravages dans la vie des populations autochtones. Une déclaration notable - La doctrine de la découverte - imprègne encore les subtilités des processus décisionnels du gouvernement canadien en ce qui concerne les terres autochtones. Cette doctrine stipule que toute nouvelle terre « découverte » par les Européen.ne.s appartient aux Européen.ne.s. La notion de « terre » est extrêmement importante lorsque nous pensons à la justice climatique autochtone dans un contexte moderne, et nous constatons qu'elle a toujours été un point de discorde majeur entre les communautés autochtones et la Couronne depuis l'époque coloniale. L'un des exemples les plus prémonitoires et les plus constants de conflit foncier est celui des Wet'suwet'en contre la construction d'un gazoduc Coastal GasLink à travers les terres en Colombie-Britannique. Le gazoduc, long de 670 km, doit être construit sur le territoire autochtone revendiqué par les chefs héréditaires des Wet'suwet'en. Bien sûr, tant Coastal GasLink que le gouvernement de la Couronne ne voient pas les choses de cette façon et pensent que la terre n'appartient à personne. Une histoire insidieuse émerge : la Couronne étend son pouvoir en faisant pression pour qu'un gazoduc soit construit sur les terres autochtones, avec le danger potentiel de déversement de pétrole sur le territoire dont ils.elles prospèrent et vivent. Tout cela alors que les projets d'énergie sale continuent d'être approuvés, consolidant encore la contribution du Canada à la crise climatique.

Depuis l'élection du gouvernement libéral en 2015, le gouvernement fédéral a fait de la promesse de réconciliation avec les peuples autochtones une priorité de sa campagne et de son mandat. Toutefois, il reste encore de nombreux cas où cette promesse s'est concrétisée. Au Canada, la justice climatique est synonyme de justice autochtone. La justice climatique consiste à remédier aux méfaits de la colonisation que le gouvernement canadien a commis à l'égard des peuples autochtones depuis le premier contact. En répondant à ces griefs - en respectant les recommandations du rapport de vérité et de réconciliation de 2015 et en intégrant la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (UNDRIP) - nous pouvons, en tant que pays, mieux progresser dans la lutte contre la crise climatique en adoptant une approche intersectionnelle et équitable.

* L’Île de la Tortue est le nom de l'Amérique du Nord utilisé par de nombreuses communautés autochtones au Canada.