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Malgré un long cycle de perte de rendement dans les énergies fossiles, la CDPQ résiste à sortir du gaz et du pétrole

· Communiqué de presse

Montréal, le 21 mai 2020 – Au moment où la crise sanitaire mondiale déclenchée par la pandémie de la COVID-19 fait plonger les marchés boursiers et chuter les prix du pétrole à des niveaux historiques, une nouvelle étude de la coalition Sortons la Caisse du carbone confirme une réduction d’intensité carbone par dollar investi à la Caisse de dépôt et placement du Québec, tout en faisant la lumière sur les pertes de rendement cumulées dans le secteur des énergies fossiles.

L’Analyse du rendement du « Carbone 50 » (50 principaux investissements de la CDPQ dans les énergies fossiles) de la Caisse de dépôt et placement du Québec entre 2011 et 2019 permet de constater une baisse importante de la valeur du portefeuille des énergies fossiles découlant notamment d’une vente massive d’actions dans les producteurs de pétrole des sables bitumineux (-43% en 2019).

L’analyse, signée par Sébastien Collard et révisée par le professeur Éric Pineault, relève également d'importantes pertes relatives de rendement attribuables à une sous-performance du « Carbone 50 ». Les pertes étaient de l’ordre de 1,1 G$ en 2019 (avant la crise de la COVID-19), par rapport au rendement qui aurait pu être obtenu sur les marchés boursiers de référence. La perte cumulée de rendement pour la période 2011-2019 s’élève à 11,5 G$.

«L’objectif de réduction de l’intensité carbone de la CDPQ est louable, mais le gaz naturel demeure l’éléphant dans la pièce de la CDPQ, explique le porte-parole de la coalition Sébastien Collard. La Caisse a beau sortir du pétrole, ses investissements dans le gaz aident cette filière à survivre et retardent inutilement la transition rapide en cours. On ne peut escompter les profits en investissant un espace délaissé. Les alternatives moins dispendieuses au gaz existent déjà et elles ne cessent de creuser leur avantage. Le gaz risque sérieusement de compléter le tableau des mauvais résultats financiers dans les énergies fossiles. On retiendra avec celui-ci le refus répété de la Caisse d’incarner pleinement le changement.»

En 2019, la Caisse a annoncé l’acquisition d’un gazoduc au Brésil et son ex-PDG Michael Sabia avait alors mentionné que son institution demeurait intéressée à investir dans le gaz «naturel». La coalition Sortons la Caisse du carbone est d’avis que ces investissements ne font pas partie d’un plan sérieux faisant la démonstration que le gaz peut se substituer à des sources d’énergie plus émettrices, comme le prétend la CDPQ.

Ainsi, plutôt que de contribuer à diminuer les émissions, la Caisse favorise une industrie ayant démontré son incapacité à contribuer à la transition, ceci alors que, d’un strict point de vue économique, les énergies fossiles sont déjà moins compétitives que les énergies renouvelables à plusieurs endroits dans le monde, et que ce déficit de compétitivité s'accentue rapidement.

«Quelle est la responsabilité d’un investisseur financier et gestionnaire de fonds publics comme la CDPQ dans cette conjoncture? Elle est double. Premièrement, se donner un périmètre élargi de ce qui constitue un investissement dans une nouvelle infrastructure fossile; périmètre qui dépasse les projets d’extraction et de distribution des formes d’hydrocarbures les plus intenses en CO2 pour plutôt inclure celles qui ont les effets de substitution les plus néfastes, comme le GNL. Ensuite, intensifier l’effort de désinvestissement que constate et salue ce rapport, non pas uniquement pour protéger la valeur du portefeuille de placement, mais surtout pour contribuer à l’étouffement du financement de cette industrie, ce qui augmente considérablement le coût de ses investissements et de leur refinancement, de manière à donner une chance accrue aux énergies renouvelables et à la transition en contrant les effets du grand remplacement», écrit le professeur au département de sociologie de l'UQAM Éric Pineault dans la préface de cette analyse.

Dans un contexte de pandémie et de récession mondiale qui mettra à rude épreuve les stratégies d’investissement de la CDPQ, la coalition estime que ses choix d’investissement devront dorénavant être guidés à la fois par un souci de réduction des risques financiers et des risques climatiques, avec un cadre de cohérence qui dépasse son plan de réduction d’intensité carbone.

Cette cohérence exige une sortie totale du secteur des hydrocarbures (pétrole et gaz naturel), et ce, tout au long de la chaîne de production, transport et distribution, ainsi que la fixation d’objectifs en lien avec les exigences des scientifiques du climat et de l’Accord de Paris qui requiert une réduction des émissions de CO2 de 50% d’ici 2030 et la carboneutralité pour 2050.

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Pour consulter et télécharger le rapport complet: https://bit.ly/Carbon50_CDPQ

Contact :

Diego Creimer, affaires publiques et communications, (514) 999-6743 dcreimer@davidsuzuki.org

Loujain Kurdi, conseillère en communications, (514) 577-6657 loujain.kurdi@greenpeace.org

À propos de Sortons la Caisse du carbone

La coalition Sortons la Caisse du carbone regroupe la Fondation David Suzuki, Greenpeace Canada, Recycle ta Caisse, Le Projet de la réalité climatique Canada, l’Association pour la voix étudiante au Québec (AVEQ), Justice climatique Montréal (JCM), Leap Montréal, Mobilisation environnement Ahuntsic-Cartierville (MEAC), Eau Secours!, ainsi que d’autres groupes citoyens, syndicats et représentants des peuples autochtones.