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Comment les carrefours climatiques communautaires ont fixé les limites — pour les communautés, pour la paix, pour la planète

· Général

À l’automne, alors que les feuilles commençaient à changer de couleur, les promesses climatiques du Canada commençaient déjà à se faner.

Depuis son entrée en fonction, le premier ministre Mark Carney et son nouveau gouvernement fédéral ont aboli le prix du carbone pour les grandes entreprises polluantes, suspendu le mandat sur les véhicules électriques (VE) et rétabli le financement public des exportations de combustibles fossiles, sous prétexte de « sécurité économique ». Ils ont aussi promis de nouveaux investissements dans le gaz naturel liquéfié (GNL), des coupes dans les programmes fédéraux et des dépenses militaires record — tout cela alors que des vagues de chaleur, des sécheresses et des inondations mortelles et sans précédent frappaient le pays.

Le 20 septembre, des dizaines de milliers de personnes partout au Canada ont donc fixé les limites. Cette journée mondiale d’action a uni des voix sur tous les continents pour défier les gouvernements qui subventionnent la destruction tout en la présentant comme du progrès, alors même que la planète brûle.

Ici au pays, les Canadien·e·s se sont rassemblé·es autour d’une vision commune — pour les communautés, pour la paix et pour la planète — et ont envoyé à Ottawa un message clair : ils et elles refusent que le profit et la politique passent avant un avenir viable pour toutes et tous. Plus de 70 actions Fixons les limites ont eu lieu d’un océan à l’autre, dans le cadre d’un vaste effort de coalition mené par des partenaires nationaux issus des mouvements syndical, pour la justice migrante, la paix et le climat (dont le Projet de la réalité climatique Canada !).

Pour nos carrefours climatiques communautaires, Fixons les limites représentait la continuité d’un travail de longue haleine : organiser, éduquer et bâtir du pouvoir local. C’était aussi un moment pour affirmer que l’action climatique ne peut pas être cloisonnée, alors qu’ils et elles prenaient la rue aux côtés d’autres mouvements dont les luttes sont liées aux mêmes systèmes qui alimentent la crise climatique.

Faites défiler pour découvrir comment certains de nos carrefours à travers le pays ont tracé la ligne !

Colombie-Britannique

Île de Vancouver

Sur l’île de Vancouver, plus de 150 personnes se sont rassemblées sur la place publique de Duncan, animée par la musique, les conversations et les bannières réclamant la justice. Ce rassemblement est né d’une décision partagée : rester local plutôt que de se déplacer vers les grandes manifestations de Nanaimo ou Victoria. Comme l’ont expliqué les organisateur·trices, bâtir des liens dans leur propre communauté valait mieux que simplement gonfler les chiffres ailleurs.

Ainsi, plusieurs groupes locaux — dont le Cowichan Climate Hub, la Freedom from War Coalition et Revolve Cowichan — ont créé un espace pour que les voisin·es puissent apprendre, se connecter et imaginer un avenir meilleur pour la vallée de Cowichan. Des affiches ont été placardées partout, les journaux locaux ont couvert l’événement, et lorsque la musique a commencé, la place s’est rapidement remplie.

Après une reconnaissance du territoire soulignant que la rencontre se déroulait sur les terres ancestrales et non cédées du peuple Quw’utsun — qui en sont les gardien·nes depuis des générations —, les participant·es ont été invité·es à affirmer leur responsabilité collective : respecter les droits et la gouvernance autochtones et travailler ensemble pour la justice climatique et la protection de l’environnement. Entre deux chansons sur le changement du monde, les personnes à la tribune ont dénoncé « les décisions régressives du conseil de North Cowichan, où plusieurs élu·es nient la réalité du changement climatique anthropique et ont voté pour annuler des politiques climatiques progressistes », ainsi que « la décision municipale d’autoriser la coupe des Six Mountains », un choix qui a tendu les relations avec les nations Cowichan locales. D’autres intervenant·es ont dénoncé la violence croissante envers les personnes sans abri et la stigmatisation des personnes trans, des migrant·es, des peuples autochtones et des personnes en situation de handicap.

« Une journée formidable, un public enthousiaste, la pluie nous a épargné·es et nous avons créé de belles possibilités de collaboration ! », conclut le Carrefour.

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Plus de 150 personnes se sont rassemblées sur la place publique de Duncan, animée par la musique, les conversations et les bannières réclamant la justice.

Nanaimo

Avant la journée nationale d’action, le Nanaimo Climate Action Hub a organisé le Climate Connections Summit, rassemblant la population pour explorer comment les communautés locales peuvent agir face à l’urgence climatique. Un atelier artistique a permis aux participant·es de créer des bannières et du matériel pour la manifestation du 20 septembre, transformant des revendications abstraites en expressions créatives de résistance.

Selon Mia Jongkind, organisatrice de Fixons les limites, environ 150 personnes ont participé au rassemblement coorganisé par Seniors for Climate et le Council of Canadians Nanaimo, avec un fort appui du Nanaimo Climate Action Hub. Des bénévoles ont distribué quelque 200 biscuits faits maison — un petit geste pour rappeler l’importance de nourrir les relations au sein des mouvements : fixer les limites, c’est autant se soutenir mutuellement que défendre la planète.

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Environ 150 personnes ont participé au rassemblement coorganisé par Seniors for Climate et le Council of Canadians Nanaimo, avec un fort appui du Nanaimo Climate Action Hub.

Intérieur de la C.-B.

Dans les Kootenays de l’Ouest, plus de 150 personnes se sont mobilisées pour faire entendre leur voix, prouvant que même les petites villes peuvent porter de grandes revendications. À Castlegar, par exemple, le West Kootenay Cliimate Hub a collaboré avec des organisations comme Seniors for Climate pour organiser un rassemblement dynamique où les participant·es ont fabriqué des pancartes, partagé leurs histoires et écouté des discours reliant les enjeux locaux aux crises mondiales. La journée a démontré que la justice climatique peut être joyeuse, inclusive et intergénérationnelle.

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Des gens se sont mobilisées pour faire entendre leur voix à Castlegar.

Pendant ce temps à Nelson, Kootenay Lakes Seniors for Climate et la section locale du Council of Canadians — partenaires du même West Kootenay Climate Hub — ont uni créativité et tradition : les participant·es ont défilé dans le Harvest Market, leurs « bâtons bruyants » résonnant dans les rues. Entre banderoles et chants, la marche s’est conclue par un rassemblement où les orateur·trices ont rappelé que chaque petit geste contribue à un mouvement mondial pour la justice.

Les Prairies

Calgary

À Calgary, l’action Fixons les limites a illustré à quel point nos luttes sont interconnectées. Les personnes à la tribune — représentant le Calgary Climate Hub, Migrante Alberta, Calgary Justice for Palestinians et le SCFP Alberta — ont rappelé à plus de 350 participant·es que les crises que nous affrontons ne sont pas isolées : elles se croisent et exigent des réponses collectives.

Jared Blustein, directeur général du Calgary Climate Hub, affirme :

« Nous refusons de rester spectateurs pendant que le gouvernement et les plus riches entreprises du pays accumulent les profits, sabrent dans les services publics, alimentent l’effondrement climatique, attaquent les migrant·es, exploitent les terres autochtones et tirent profit de guerres inutiles — la plus récente étant le génocide en Palestine. Nous reconnaissons les fils de pouvoir et de profit qui relient toutes ces injustices. »

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Plus de 350 personnes ont participé à l’action Fixons les limites à Calgary.

Saskatoon

Saskatoon vibrait au rythme des chants et des slogans des 100 à 140 personnes venues marcher. Climate Justice Saskatoon menait le rassemblement, soutenu par le Saskatoon Climate Hub, reliant cette action locale au mouvement national. Une atmosphère d’espoir et de détermination collective régnait : justice, paix et avenir durable semblaient à portée de main. Glenn Wright de Climate Justice Saskatoon a souligné que :

« C’est l’amour qui motive les gens à changer et à agir. Aujourd’hui, partout dans le monde, des personnes se lèvent pour tracer la ligne ; leur présence témoigne de notre empathie et de notre prise de conscience collectives. Nous avons le pouvoir de changer — mais ce changement commence dans nos esprits. »

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Saskatoon vibrait au rythme des chants et des slogans des 100 à 140 personnes venues marcher. Crédits photo : Climate Justice Saskatoon.

Winnipeg

« Nous en avons assez que nos impôts financent le militarisme. Assez des politiques anti-autochtones, anti-migrantes, anti-palestiniennes et dictées par les combustibles fossiles. Nous avons besoin de projets de société qui enrichissent la terre, l’eau, l’air et les populations. »

Ces mots, ce sont ceux de l’équipe Manitoba Climate Action Team (MCAT), qui s’est jointe à la Manitoba Energy Justice Coalition (MEJC) et à plus d’une douzaine d’organisations locales pour se faire entendre à Winnipeg après un été marqué par des feux de forêt records. Plus de 400 personnes ont bravé la pluie devant le bureau du premier ministre Wab Kinew, exigeant des gestes concrets pour le climat et la reddition de comptes du gouvernement.

Les organisateur·trices ont remis la pétition Power Up de la MEJC — réclamant des investissements dans le solaire, l’éolien et l’efficacité énergétique, ainsi qu’une sortie graduelle du gaz naturel — et ont affiché les signatures (plus de 1 000) sur le bureau du premier ministre.

« Nous espérons qu’il se rappellera qu’il travaille pour les gens qui l’ont élu, et nous savons qu’il peut faire mieux ! », ajoute le Carrefour.

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Plus de 400 personnes ont bravé la pluie devant le bureau du premier ministre Wab Kinew.

Centre et Atlantique du Canada

Ottawa

Dans la capitale nationale, des centaines de personnes se sont rassemblées pour faire entendre leur message. Même si aucun Carrefour n’y menait d’action, des membres de l’équipe du Projet de la réalité climatique Canada se sont joint·es à plus de 70 groupes — en commençant devant le bureau du premier ministre — pour marcher côte à côte en solidarité, réclamant paix, justice et leadership climatique. Les rues ont résonné de slogans : « Quand ils refusent d’imposer des plafonds d’émissions aux pétrolières, c’est là qu’on fixe les limites ! ».

Des militant·es ont peint, directement sur la rue Wellington, une immense fresque de 65 mètres à la peinture lavable — un geste audacieux de désobéissance civile. On y lisait : « Des communautés, la paix, la planète, pas le profit », accompagnée de symboles comme un orignal, un poisson, une personne tenant une plume, des papillons et une tranche de pastèque — représentant la diversité des enjeux au cœur du mouvement.

Katie Perfitt, organisatrice de Fixons les limites, déclarait :

« Nous traçons la ligne au seuil du premier ministre Mark Carney. Nous refusons de laisser le gouvernement poursuivre sur la voie de la destruction climatique, du militarisme et de la stigmatisation des migrant·es. »

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Des membres de l’équipe du Projet de la réalité climatique Canada se sont joint·es à plus de 70 groupes en personne.

Peterborough

À Peterborough, le Carrefour For Our Grandchildren a choisi une autre manière de fixer les limites. En l’absence d’un grand rassemblement local, le Carrefour a profité de la fin de semaine pour élargir son cercle et tisser de nouveaux liens. Il a tenu des kiosques d’information au Pow-wow de Curve Lake et au festival de la Fierté de Peterborough, engageant le dialogue sur la justice climatique et l’action locale. Les bénévoles ont invité les passant·es à ajouter leur voix à « l’arbre des rubans pour le climat » — un geste simple mais puissant.

« Nous sommes encouragé·es et ravi·es des nouvelles relations établies avec des communautés qui partagent nos valeurs de justice sociale et climatique », a partagé le Carrefour, après avoir échangé avec quelque deux cents personnes venues écrire leurs espoirs et engagements pour la planète. Pour elles et eux, fixer les limites signifie bâtir des ponts et un but commun pour un avenir juste et vivable.

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Les bénévoles ont invité les passant·es à ajouter leur voix à « l’arbre des rubans pour le climat ».

Au-delà de la ligne

Pour notre réseau de carrefours, l’énergie, la créativité et la solidarité observées le 20 septembre démontrent que le mouvement pour le climat ne faiblit pas sous la pression politique : il évolue. Il devient plus intersectionnel, plus inclusif et profondément démocratique.

Ce 20 septembre, les Canadien·e·s ont montré que la véritable justice climatique vit dans nos relations — entre nous, avec la terre et avec chaque mouvement qui réclame la dignité et la paix.

Car, ultimement, la crise climatique n’est pas un problème purement environnemental : c’est la conséquence d’un système économique et politique bâti sur des décennies d’extraction, de militarisme et d’inégalités.

Chaque recul, chaque privatisation, chaque coupure dans les programmes sociaux et environnementaux est un enjeu climatique. Et chaque travailleur·euse migrant·e exploité·e, chaque nation autochtone dont la souveraineté est bafouée, chaque pipeline ou avion de chasse financé — tout cela fait partie intégrante des politiques climatiques.

La crise que nous vivons est une question de pouvoir, d’équité et du monde que nous voulons bâtir. Les mêmes systèmes qui exploitent la terre et l’eau exploitent aussi les personnes. Les mêmes forces qui alimentent la guerre et les déplacements forment le moteur de l’extraction et de la quête de profit qui réchauffe la planète. Pour y faire face, nos mouvements doivent rester solidaires.

Fixons les limites représentait une vision de solidarité en action : celle de communautés qui refusent d’être divisées et où l’espoir devient une pratique collective. Alors que nos carrefours poursuivent leur travail — en collaborant avec les conseils municipaux, en soutenant l’organisation locale, en entretenant les relations — ils portent cette leçon : la véritable action climatique est une action collective. Et de ces semences locales, une nouvelle histoire prend racine et s’épanouit. La limites que nous avons fixées ensemble marque le début d’un nouvel avenir.

Trouvez votre carrefour climatique communautaire ou lancez le vôtre, et continuons à faire grandir cet élan ensemble !