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L'importance de l'engagement international

- En route vers la COP30

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Nous parlons avec Elisabeth Fournier à titre de coordinatrice des Dialogues pour le climat et l’engagement international!

Elisabeth rejoint Réalité climatique Canada avec une expérience en recherche appliquée en politiques climatiques, en coordination de projets et en enseignement. Fraîchement diplômée d’une maîtrise en Environnement, cheminement politique appliquée de l’Université de Sherbrooke, elle a notamment fait partie d’une délégation à la COP29 dans le cadre d’un parcours spécialisé sur les négociations climatiques internationales.

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Alors que le monde s’enfonce dans une crise climatique de plus en plus aiguë, on assiste pourtant à un recul des politiques climatiques, tant à l’échelle mondiale qu’ici chez nous. Les décisions prises ne sont pas à la hauteur de l’urgence, et ce sont encore les populations les plus vulnérables, notamment dans le Sud global, qui en paient le prix fort. Dans ce contexte géopolitique tendu, il est plus que jamais essentiel que la diplomatie climatique garde le cap. La COP30, qui se tiendra en novembre prochain à Belém, au Brésil, sera un moment clé pour remettre l’ambition climatique au cœur de l’agenda international, et pour s’assurer que les voix des communautés les plus touchées soient entendues.

Chaque année, les pays se réunissent dans le cadre des Conférences des Parties, les fameuses COP, pour coordonner la réponse mondiale. Malgré les progrès réalisés, l’écart demeure important entre les engagements pris et la réalité des actions mises en œuvre. Les trajectoires actuelles nous mènent vers un réchauffement de près de 3 °C, alors que l’objectif de l’Accord de Paris est de limiter ce réchauffement à 1,5 °C.

Signé en 2015, l’Accord de Paris a marqué un tournant majeur. Avant son adoption, le monde se dirigeait vers un réchauffement supérieur à 4 °C. Il a donc contribué à infléchir la courbe, mais les efforts doivent être redoublés si l’on souhaite réellement atteindre les cibles fixées. Cela implique, pour le Canada et le Québec, de faire leur juste part, notamment en réduisant rapidement leur dépendance aux énergies fossiles et en accroissant leur soutien à la finance climatique internationale.

Pour aller plus loin sur le bilan actuel, ne manquez pas notre webinaire du 17 octobre soulignant les 10 ans de l’Accord de Paris. Un panel d’expert-e-s y fera le point sur les avancées, les défis, et les perspectives à venir. L’événement sera disponible en rediffusion après sa diffusion en direct ; une excellente occasion de mieux comprendre les enjeux de la diplomatie climatique d’aujourd’hui.

2. Que sont les intersessions de Bonn ?

Les intersessions de Bonn, c’est un moment important mais souvent méconnu des négociations climatiques internationales.

Chaque année, comme étape de mi-parcours entre deux COP, les pays membres de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) se retrouvent en juin à Bonn, en Allemagne, pour faire avancer les discussions sur le climat.

C’est un peu l’arrière-scène des grandes conférences : les délégations de négotiatrices et négociateurs y travaillent sur les différents textes de décision, débattent des sujets techniques, et préparent les grandes décisions qui seront prises à la COP.

Même si les intersessions sont moins médiatisées que les COP elles-mêmes, les avancées - ou blocages – à Bonn donnent le ton et influencent les résultats de la COP qui suit.

3. Qu’est-ce qui est à surveiller pour la COP30, et en quoi les résultats de Bonn en juin dernier préparent-ils le terrain ?

Les négociations de Bonn, en juin, ont montré à quoi ressemblera la COP30 : beaucoup d’attentes, mais aussi beaucoup de tensions.

Une des tensions principales a esr le financement climatique, qui est un des plus grands points de blocage aux négotiations, et qui avait été le thème central de la COP29 à Baku. Celle-ci devait statué sur le Nouvel Objectif Collectif Quantifié (NCQG en anglais), perçu par beaucoup comme étant insuffisant. En gros, les pays du Sud global demandent plus de financement public des pays du Nord, notamment pour l’adaptation, et les pertes et dommages. Les pays du Nord veulent élargir le financement au secteur privé, ainsi qu’aux pays émergents, ce qui crée des tensions.

À Bonn, cette question du financement était présente dans toutes les salles de négociation, une conséquence directe des résultats décevants de la COP29. Cela a contribué à des progrès modérés, et à plusieurs blocages pour ces intersessions.

Bien que n’y aille pas de thème central à la COP30 cette année, la présidence a défini trois canaux de négotiation prioritaires.

3.1. Bilan mondial

Le Bilan mondial (Global Stocktake, GST), qualifié de « plan directeur » par la présidence brésilienne, vise à guider l’action vers une limitation du réchauffement à 1,5 °C.

La COP30 marque une étape importante du processus d’augmentation des engagements climatiques de l’Accord de Paris, comme c’est la date limite de la soumission des troisièmes Contributions déterminées au niveau nationales (CDN). La plupart des pays ont manqué la première échéance en février, celle-ci a donc été reportée en septembre, en préparation de la COP30. La COP30 est censée être un moment de relance des ambitions, mais pour l’instant, les plans ne sont pas à la hauteur.

À Bonn, les discussions sur la mise en œuvre des conclusions du GST ont fait ressortir des divisions profondes : les pays développés et vulnérables appellent à une sortie des énergies fossiles, tandis que certains pays émergents préfèrent insister sur le financement. Il n’y a donc pas eu de texte final consensuel, ni de mention claire de la sortie des énergies fossiles, qui aurait fait référence à la décision de la COP28 à Dubaï d’effectuer une transition hors des énergies fossiles.

3.2. Objectif mondial en matière d’adaptation

Une autre priorité est l’Objectif mondial en matière d’adaptation (ou Global Goal on Adaptation, GGA, en anglais). Un des principaux buts de ce canal de négotiation est parvenir à 100 indicateurs dans le cadre de l’Objectif mondial, afin de mesurer si les pays s’adaptent bien aux impacts des changements climatiques, comme les sécheresses ou les inondations.

Certaines avancées ont été faites à Bonn, comme un accord sur la structure des indicateurs, soit d’avoir des indicateurs principaux communs, et des indicateurs secondaires adaptés aux contextes nationaux. Toutefois, beaucoup de désaccords n’ont pas été résolus, notamment sur la question du financement de l’adaptation. Ainsi, les négotiations se sont prolongées sans accord final.

3.3. Programme de travail pour la transition juste

Après plusieurs années de délibérations, il y a un début de consensus sur le fait qu’il faut intégrer la transition juste dans les CDN. Il existe un clivage Nord-Sud dans lequel les pays du Nord global préfèrent que le programme de travail se concentre sur le marché du travail, alors que les pays du Sud global souhaitent plutôt intégrer une vision plus holistique de la transition juste. Néanmoins, les délégations présentent à Bonn ont réussi à s’entendre sur un texte de négociation, soit une note informelle, à transmettre à Belém pour guider les discussions sur le programme.

Cela ouvre la voie à une approche plus structurée pour la transition juste au sein de la CCNUCC. Le programme de travail est censé prendre fin en 2026, mais il est possible que les pays s’ententent pour qu’il puisse être prolongé au-delà.

D’autres éléments ont aussi marqué les intersessions cette année, dont l’absence très remarquée des États-Unis. Même s’ils se sont retirés de l’Accord de Paris, ils restent Partie à la CCNUCC. Pourtant, ils n’ont pas envoyé de délégation cette année à Bonn. Enfin, il existe un flou sur la présidence de la prochaine COP, puisqu’on ne sait toujours pas où se tiendra la COP31 en 2026. Deux pays se proposent, soit l’Australie (en partenariat avec les îles du Pacifique) et la Turquie.

En somme, Bonn a servi à poser les bases des négociations à Belém. Mais les désaccords sont encore nombreux, et la COP30 devra faire beaucoup de chemin en peu de temps. Et ce, dans un contexte difficile pour le multilatéralisme climatique, qui est marqué par des tensions géopolitiques majeures et des reculs des politiques environnementales à travers le monde, dont au Canada et au Québec.

4. Comment les gens d’ici peuvent-ils se brancher à ces conversations internationales ?

Les négociations climatiques peuvent sembler lointaines, mais elles nous concernent toutes et tous.

Les Dialogues pour le climat sont là pour ça : ce sont des événements comme des panels et des débreffages sur le déroulement de la COP pour comprendre les enjeux et faire entendre les voix de la société civile dans les processus de diplomatique climatiques. C’est une belle façon de les rendre plus accessibles, plus inclusifs, et de renforcer les ponts entre les réalités locales et les décisions mondiales.

Avant tout, les Dialogues pour le climat sont un espace intersectoriel d'échange, de sensibilisation et de réseautage. La crise climatique touche à tous les domaines de la société. C'est pour ça qu'il est urgent de répondre présent-e-s en mobilisant les savoirs et la volonté politique nécessaires.

Les Dialogues pour le climat, se veulent un vecteur d'action, de collaboration et d'unité face au dérèglement climatique. Ils peuvent faire la différence en outillant, en connectant et en inspirant celles et ceux qui agissent. En pleine urgence climatique, chaque fraction de degré compte, et chaque mobilisation aussi.

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Inscrivez-vous pour le premier webinaire de la cinquième édition des Dialogues pour le climat, « Comprendre les COP : 10 ans après l’Accord de Paris », ce vendredi 17 octobre à midi HE.