Revenir au site

La Ligue nationale du climat expliquée par Maude Marquis-Bissonnette: entrevue aux ondes de Radio-Canada 

"L’objectif c’est de créer une saine compétition mais surtout de faire un partage de bonnes pratiques entre les municipalités"

· Général

Le 13 avril était le jour de lancement du classement 2022 de la Ligue nationale du climat !! Nous sommes ravi·e·s d'annoncer la sortie de la 5ème édition du classement de la LNC! Dans un entretien avec Philippe Marcoux dans l’émission "Sur le vif" de Radio-Canada, Maude Marquis-Bissonnette, panéliste invitée lors du lancement, revient sur la LNC et sur l'importance du role des municipalités et des citoyen·ne·s dans l’action climatique.

broken image

 

Philippe Marcoux : Pour une cinquième année, la Ligue nationale du climat, non ce n’est pas une ligue sportive, lance aujourd’hui les résultats de son classement 2022 des municipalités et de leurs performances en matière de climat. Mais là, on parle de 57 municipalités à travers le Canada qui ont été évaluées sur 26 indicateurs, du logement abordable à la qualité de l’air, en passant par la gouvernance des villes, et on a voulu en savoir un peu plus sur ce classement, où apparaissent les villes d’Ottawa et de Gatineau. On va en parler avec la professeure en gestion municipale à l'école nationale d’administration publique, ancienne conseillère municipale à Gatineau et panéliste invitée lors du lancement, Maude Marquis-Bissonnette est avec nous en studio. Bonjour!

Maude Marquis-Bissonnette : Bonjour.

Philippe Marcoux : C’est quoi ça la Ligue nationale du climat?

Maude Marquis-Bissonnette : En fait, c’est assez intéressant parce que c’est des citoyens qui contactent les villes, qui ramassent des données, sur le climat, sur la lutte et l'adaptation au changement climatique. Vous l’avez bien dit en introduction, ils ramassent des données sur l’enfouissement des déchets, la consommation d’eau, le nombre de véhicules partagés dans leur ville, et tout ça est rassemblé par un organisme qui s’appelle Réalité climatique Canada. Ces données ont été présentées aujourd’hui dans le cadre de ce lancement. C’est intéressant de savoir ou est-ce que notre ville se situe par rapport à ces indicateurs, et notamment dans une perspective de mobilisation citoyenne, donc pour que des citoyens puissent aller voir leurs élus et dire qu’on doit en faire davantage pour, par exemple, pour rencontrer nos cibles de réduction de gaz à effet de serre.

Philippe Marcoux : On va parler dans un instant de la performance d’Ottawa et Gatineau, mais justement, c’est ça le but de l'opération, c’est de dire ‘hey y’a des gens qui font des choses qui sont intéressantes, qui réussissent mieux que nous, et peut-être qu’on peut tirer des exemples de ça’...

Maude Marquis-Bissonnette : Oui exact! Il y a un partage de bonnes pratiques. Aujourd’hui sur le panel par exemple, il y avait une conseillère municipale de Vancouver, Christine Boyle, qui nous parlait de tous les efforts de Vancouver, qui figure d’ailleurs très très bien sur plusieurs indicateurs. Notamment dans la dernière année, ils ont banni le gaz naturel dans le secteur résidentiel, c’est quand même ambitieux! Et je sais que la question s'était posée dans la région dans le passé parce qu'on en a à Ottawa du gaz naturel, eux-autres ont aussi beaucoup de bâtiments durables, donc la Colombie britannique fait bien à cet égard-là, ça permet de partager ça. Moi j’ai pu partager la gestion des matières résiduelles, on sait que Gatineau a un très bon bilan en matière de réduction des gaz à effet de serre liés aux déchets, et d’ailleurs selon le palmarès, Gatineau serait la 3e ville avec Guelph et Calgary pour le plus petit bilan de déchets par famille au niveau résidentiel

Philippe Marcoux : Et c'est là qu’on a eu la meilleure performance pour Gatineau. Ottawa a fait quand même bonne figure dans certaines catégories….

Maude Marquis-Bissonnette : Oui tout à fait! En autre, au niveau de la qualité de l’air, Ottawa a la cote air santé - c'est l’indicateur qui est utilisé par le gouvernement fédéral - la plus élevée parmi les grandes villes. Donc là-dessus, on peut certainement se taper dans le dos un petit peu. Au niveau des espaces verts, Ottawa figure aussi très bien. Elle est 4e parmi les grandes villes en termes de l’espace occupé par ces espaces verts là. Au niveau de ce qu’ils appellent le mix énergétique, évidemment les villes québécoises, dont Gatineau figurent très bien comme on a de l’hydro électricité. Un indicateur dans la région dont on parle souvent, c’est tout ce qui touche à la mobilité. Ils ont ce qu’ils appellent l’indice de proximité, c’est-à-dire qu’ils calculent la marchabilité et la cyclabilité. Là-dessus, c’est plus difficile dans la région. Quand on se compare, on ne se console pas tant que ça... Ottawa a un indice de 64 pour la cyclabilité, Gatineau 58 et pour la marchabilité, c’est là que c’est plus difficile, Ottawa a un indice de 45/100 et Gatineau 37.

Philippe Marcoux : Et il y a des villes qui font beaucoup mieux que ça ?!

Maude Marquis-Bissonnette : Oui, il y a des villes qui sont au-dessus de 90. On est loin, on a du travail à faire là-dessus.

Philippe Marcoux : Mais justement, on peut tirer des leçons de tout ça… Est-ce que vous avez l’impression que c’est le genre de rapport justement qui peut influencer les politiques publiques?

Maude Marquis-Bissonnette : Certainement! Les citoyens peuvent se saisir de ces données-là, le rapport est disponible en ligne. C’est très bien vulgarisé, et l’objectif derrière ça c’est que les citoyens se saisissent de ces données-là, aillent voir leurs élus, aillent voir les administrations municipales, et disent: ‘écoutez, là en termes de véhicules partagés, à Ottawa on en a 19 et à Gatineau on en a 13, par 100.000 habitants et à Vancouver, ils en sont à 423 et Montréal à 158. On a du travail à faire. Qu’est-ce que vous allez faire pour faire en sorte qu’on ait davantage de véhicules partagés sur le territoire?’, par exemple.

Philippe Marcoux : D’ailleurs, c’est assez intéressant parce qu’on fait un palmarès dans chaque catégorie, mais on ne fait pas un palmarès global pour dire: voici la ville la plus verte au Canada, ce qui serait peut-être plus du style quizz qu’autre chose. Ce ne serait pas utile d’arriver à la conclusion que Vancouver est plus verte que nous...

Maude Marquis-Bissonnette : Le défi que ça pose ici c’est que toutes les villes canadiennes ne sont pas dans le palmarès. Vous l’avez mentionné au début. Et d’ailleurs, pour des citoyens qui aimeraient participer, ils peuvent contacter l’organisme Réalité climatique Canada et eux autres même peuvent ramasser les données dans leur municipalité,

Philippe Marcoux : Et dans le prochain rapport, on pourra avoir leur ville à eux aussi s'ils n'ont pas été classifiés là...

Maude Marquis-Bissonnette : Tout à fait! L’objectif c’est de créer une saine compétition mais surtout de faire un partage de bonnes pratiques entre les municipalités.

Philippe Marcoux : Et est-ce qu’on assure un suivi à tout ça, à ce rapport-là? Je sais bien que vous n’en êtes pas l'autrice mais est-ce qu’on s’assure que justement, il va y avoir d’autres étapes et que la prochaine fois on va pouvoir comparer la performance des villes versus le rapport de l'année prochaine?

Maude Marquis-Bissonnette : Je n'ai pas vu dans le rapport de cette année des comparaisons entre les années. Ce que j’ai vu, ce sont des indicateurs qui ont été ajoutés, parce qu’on sait que la science avance, on a des nouvelles préoccupations au niveau climatique, donc ça, c’est reflété dans le rapport. Et après ça, on peut comparer ville par ville mais c’est quand même des données qui sont intéressantes, qui permettent de faire des meilleures politiques publiques, et je pense qu’on a tout à gagner de ça.

Découvrez notre initiative annuelle qui suit la performance des municipalités canadiennes grâce à une campagne citoyenne de collecte de données menée par des bénévoles. Inscrivez-vous pour recevoir un lien de téléchargement du classement complet de la LNC : www.realiteclimatique.ca/lnc